Le film #365Days réunit à lui seul presque toutes les formes de violences qu’un homme et qu’un système patriarcal peut infliger à une femme.
1. Le harcèlement: être dans un espace où on se sent épiée et surveillée, se faire aborder par un inconnu qui se glisse dans ton dos en te sortant bêtement « tu es perdue ma jolie » (plus bête et vulgaire que ça, tu meurs) traduit l’harcèlement de rue que vivent quotidiennement les femmes et qui anéantit le sentiment de sécurité qu’elles devraient pouvoir ressentir dans les espaces publics.
2. Le kidnapping: à travers le monde, des femmes et des filles se font kidnapper et séquestrer tous les jours pour diverses raisons comme le traffic sexuel ou le traffic d’êtres humains soit par des proches ou des inconnus. Où elles perdent leur liberté de mouvement, leur autonomie et parfois leurs vies. Bon nombre de ces kidnappings résultent du désir d’un homme de les posséder ou de les agresser. Et selon, ce qui est montré dans ce film, la jeune femme a aussi été droguée et se retrouve inconsciente dans une chambre sans savoir comment elle y est arrivée. Ce film ne fait qu’exposer ce phénomène qui, encore une fois, menace la vie de millions de femmes et filles tous les jours.
3. L’agression physique et sexuelle: Première confrontation avec « l’homme ». Désir de s’enfuir, de se défendre. La jeune femme se retrouve brutalement poussée contre une chaise, frappée contre un mur, retenue contre sa volonté. Elle se fait tripoter les lèvres, les seins, le ventre contre sa volonté. Elle est brutalisée et entend son kidnappeur lui dire « qu’un jour, tu serais devant moi et que tu serais à moi ». Cette scène contient tellement d’actes de violence qu’on pourrait parler uniquement d’elle pour un atelier sur la violence faite aux femmes. “L’objetisation” de la femme dans toute sa splendeur et le désir de se l’approprier comme un vulgaire objet. Une tendance qui continue quand elle se fait traîner dans tous les magasins pour s’acheter des vêtements et pavaner devant « l’homme » et ses gardes du corps comme un animal en foire. Après tout, voir claquer des billets est supposé faire oublier qu’on est captive. Sans oublier le nombre incalculable de fois où elle se fait brutaliser et agresser physiquement tout au long du film.
4. La violence psychologique: être séquestrée, brutalisée, “objetisée”, être coupée du monde qu’on connait et de ses proches, être témoin d’un meurtre, être constamment exposée à la nudité d’un individu contre sa volonté, se rendre compte qu’on confronte un homme qui contrôle même les forces de l’ordre, être tour à tour confrontée à un homme qui dit t’aimer et un homme qui te brutalise, autant d’expressions flagrantes de la violence psychologique subie tout au long du film.
5. Le cliché de l’homme beau, riche, ténébreux qui peut “posséder “ qui il veut: On nous a déjà servi cette merde en bouillie dans le navet “50 shades of grey” où on voit une fille bête comme ses pieds s’étaler de tout son long dans un bureau lors d’une première rencontre pour ensuite devenir du jour au lendemain une experte en jeux sexuels pour nourrir les fantasmes d’un riche homme, beau comme un Dieu. Nous devons contammemt rappler que les agresseurs et violeurs n’ont pas de profil-type (je vous invite à regarder le documentaire sur Jeffrey Eipstein). Le système patriarcal nous conditionne à caricaturer les violeurs et agresseurs d’une certaine manière et à rendre acceptable leurs actes s’ils rentrent dans un certain schéma et s’ils saupoudrent leur actions de la bonne poudre aux yeux. Le mec riche, beau et puissant peut être plus machiavélique que l’autre moche, fauché et repoussant.
6. Romancer la violence à l’égard des femmes et la culture du viol: Quelques bonnes scènes de cul bien réalisées, un acteur “canon” et cela suffit à invisibiliser la violence que subit une femme dans une oeuvre et même à faire rêver des millions de femmes en manque d’informations sur la violence faite aux femmes. Il est pernicieux et dangereux que des plateformes comme Netflix (comme toutes les autres) vendent de la violence faites aux femmes comme un rêve et fantasme. Cela ne contribue qu’à créer des femmes inconscientes de leur statut de victimes (surtout de violences psychologiques) et ainsi renforcer, perpétuer les cycles de violences. Les médias malheureusement ont été de tout temps, un pillier du système patriarcal et cela continue aujourd’hui.
7. Le mythe du mariage (la goutte d’eau qui fait déborder le vase): le sentiment de l’homme dans le film n’a rien à voir avec l’amour. C’est de la domination, du pouvoir et du désir de possession. Il ne voit la jeune femme que comme un objet qu’il va et doit posséder, manipuler comme il veut (d’ailleurs il le répète à plusieurs reprises dans le film). Malheureusement, beaucoup de jeunes femmes ne peuvent ou ne veulent pas faire la différence. Et le fait que le film se termine par une demande en mariage, c’est l’apogée du cirque (je me suis retenue de gerber). Notre construction sociale en tant que femme nous conditionne à voir en “l’homme” cet être sensible, romantique et prince charmant alors que cet homme dans ce film n’est qu’un animal, un agresseur et un criminel. Et le fait de peindre la jeune femme comme extasiée de se voir “choisie” comme femme, renforce la volonté de ceux et celles qui ont fait ce film de faire du mariage l’outil de manipulation par excellence pour un public qui n’est pas en mesure de voir que ce film est en fin de compte un produit de la culture du viol.
#365Days est le cliché d’une société qui normalise, encourage, banalise et applaudit la violence à l’égard des femmes.